Art & Sciences

Baptiste Le Roi, en cinquième année d’ingénieur en sciences des matériaux est l’un des administrateurs du Fabricarium, le FabLab de l’école.

Le rôle du Fabricarium est de stimuler la créativité des élèves ingénieurs et de leur montrer que l’ingénierie qu’ils apprennent selon un point de vue peut être applicable dans des domaines très éloignés et parfois même insoupçonnés comme c’est ici le cas avec le travail original et singulier de Baptiste.

Le Fabricarium collabore régulièrement avec des étudiants d’autres écoles de la métropole comme L’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, l’Ecole supérieure des arts appliqués et du textile, ou encore Le Fresnoy, studio national d’arts contemporains qui accueille des artistes d’art numérique. Les étudiants du Fresnoy ont une année pour produire une œuvre d’art mêlant art et ingénierie… on imagine les connexions naturelles entre ces étudiants et ceux de notre Fabricarium, dédié à l’innovation et à la créativité… Baptiste a rencontré il y a un an Gwendal Sartre, venu au Fabricarium découvrir un tout nouvel équipement de pointe : un microscope électronique à balayage (MEB). Le Fabricarium est le seul Fablab de France à en posséder un.

« Gwendal, en tant qu’artiste, désirait travailler sur l’infiniment petit et se demandait s’il était possible de graver sur un cheveu… Trouvant la chose complètement irréalisable, je me suis dit qu’il fallait absolument que j’explore ce sujet qui m’intéressait (je suis spécialisé en Matériaux).
J’ai contacté plusieurs Professeurs de différents laboratoires du campus en leur exposant la problématique d’un point scientifique. C’est-à-dire, réaliser une gravure microscopique sur substrat organique sec. C’est le Professeur Hugues Leroux, co directeur de l’UMET, qui a accepté le projet en m’expliquant qu’il était possible d’utiliser un MEB à haute énergie qui pouvait graver sur la matière. Nous avons donc utilisé un microscope électronique à balayage à faisceau d’ions concentré (FIB-SEM) qui est généralement employé sur des substrats inorganiques comme le silicium des circuits intégrés. Grâce au concours de David Troadec, ingénieur de recherche à l’IEMN, nous avons pu concrétiser ce projet. «

Les photos du cheveu gravé sont depuis exposées au Fresnoy, à Tourcoing, dans le cadre de l’exposition « Panorama 18 » qui présente les travaux de 24 artistes en art numérique (jusqu’au 31 décembre 2016).

« C’est en appliquant un concept sur un objet différent de celui pour lequel il a été initialement créé, qu’un concept est réellement maitrisé. Ici, il s’agissait de comprendre le fonctionnement intime d’un MEB , généralement utilisé pour l’observation des surfaces. Il fallait ensuite s’apercevoir qu’en augmentant l’intensité des électrons, ces derniers au lieu de rebondir sur la surface (créant ainsi l’image) détruisaient atome par atome la surface. En orientant le faisceau d’électrons, il est alors possible de graver ce que l’on veut sur une surface.
Grâce à ce projet, j’ai été à l’interface entre deux mondes : l’art et la science de pointe. Il fallait donc adapter mon discours, tel un traducteur : entre l’artiste et le scientifique. Enfin il est à noter que nous sommes l’une des deux seules équipes au monde à avoir gravé sur un cheveu (l’autre étant celle du Pr. Poliakoff de l’Universié de Nottingham). »

Installation « J’ai gravé dans ses cheveux »